COLISTINE : L'ANSES rend un avis pragmatique mais offensif

 

 

La colistine est un antibiotique utilisé en médecine vétérinaire et en médecine humaine. En médecine humaine, cette molécule, en raison de sa toxicité, n’est prescrite que pour le traitement d’infections humaines sévères liées à des bactéries résistantes à toutes les autres options thérapeutiques (notamment les bactéries résistances aux céphalosporines de dernière génération et aux carbapénèmes). Dans ce cas, le recours à la colistine, bien que présentant un risque toxique, est indispensable.

 

Fin 2015, les premiers mécanismes de résistance à la colistine transférables ont été décrits en Chine sur des souches isolées à partir de porcs, de poulets mais aussi chez l'Homme.

Suite à la mise en évidence de ces résistances, l'ANSES a réuni un groupe d'experts pour redéfinir la stratégie relative à cette molécule en matière de médecine vétérinaire. Ses conclusions ont été rendues le 24 octobre dernier : l'ANSES ne conseille pas de classer la colistine sur la liste des antibiotiques critiques car cela conduirait inévitablement à reporter l'utilisation de cet anti-infectieux vers d'autres molécules antibiotiques, notamment les céphalosporines de 3ème et 4ème générations ainsi que les fluoroquinolones.

Toutefois, l’ANSES recommande de réduire l'usage de la colistine et fixe un objectif de 50% de réduction de son utilisation en 3ans.

Cette position de l'ANSES est particulièrement pertinente :

- refus de diaboliser une molécule car, fort pragmatiquement, cela conduirait à augmenter l'utilisation d'autres molécules antibiotiques ;

- alerte sur le risque d'augmentation des résistances vis-à-vis de la colistine, en demandant aux acteurs de la santé animale d'en réduire drastiquement l'utilisation.

 

Concernant notre pays, l'augmentation massive, depuis quelques années, de l'utilisation de la colistine en production aviaire, que ce soit par voie injectable ou par association systématique avec d'autres molécules, constitue un réel dérapage des bonnes pratiques de traitement et fait courir un grand risque à la santé animale et humaine.

Il appartient aux professionnels responsables de tirer tout l'enseignement des mises en garde réalisées dans d'autres pays, car les germes résistants se moquent des frontières ... ce d'autant plus que les premières souches de colibacilles résistantes à la colistine apparaissent déjà en Tunisie ...

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