Antibiorésistance et résidus antibiotiques au menu de la Journée Mondiale des Droits du Consommateur

L'Association Maghrébine de Santé et de Sécurité Sanitaire des Aliments (AMSSA), l'Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits (ANCSEP), le CEPEX et l'Institut National de la Consommation (INC) ont organisé le 15 mars dernier à Tunis un colloque sur le thème "Aliments sans antibiotiques". Cette rencontre a rassemblé des acteurs de la santé humaine et de la santé vétérinaire, du secteur public, privé et associatif, où chacun a pu entendre l'exposé d'une situation alarmante faite par les panelistes et débattre sur différents points de cette problématique.

Des points particulièrement importants ont été rappelés lors de ces échanges :

Il faut combattre l'automédication et faire cesser la vente sans ordonnance des antibiotiques humains et vétérinaires (Pr Ilhem Boutiba du Réseau Tunisien de Surveillance de la Résistance Bactérienne aux Antibiotiques - LART)

Le marché annuel des antibiotiques en santé humaine est de l'ordre de 200 millions de DT (Dr Houda Ben Khedija de la Direction de l'Industrie Pharmaceutique - DIP) (* contre 20 fois moins en santé animale environ)

Environ 90% des antibiorésistances relevées en santé humaine sont liées à l'usage des antibiotiques en médecine humaine, contre 10% liées à l'usage en médecine vétérinaire (Pr Lilia Messadi, Ecole Nationale de Médecine Vétérinaire de Sidi Thabet - ENMVT) ;

Un grand effort doit être accompli sur le terrain par les praticiens vétérinaires pour former et informer de très nombreux éleveurs pas ou peu conscients des risques de l'automédication (Dr Sihem El Hamdi, ENMVT) ;

S'il existe bien évidemment de nombreuses similitudes entre santé humaine et santé vétérinaire, les règles et dogmes qui régissent le médicament vétérinaire ne doivent pas être calqués sur ceux du médicament humain . Par ailleurs, la profession vétérinaire s'est déjà emparée du dossier de l'antibiorésistance au travers du plan EcoAntibio lancé en 2014 lors de la journée Dick-Ceva du Pamed et animé depuis par le Groupement Technique Vétérinaire de Tunisie. Enfin, le Comité National de lutte contre l'Antibiorésistance créé et installé par décret en 2015 doit devenir réellement fonctionnel (Dr Nejib Bouslema, Conseil National de l'Ordre des Médecins Vétérinaires) ;

Il est indispensable de connaître les quantités exactes d'antibiotiques utilisés en santé animale pour pouvoir se fixer des objectifs de réduction (Pr Malek Zrelli de la Direction Générale des Services Vétérinaires - DGSV) ;

Il est vain de se renvoyer la responsabilité entre Services, Directions, ou Professions sur ce sujet de l'antibiorésistance et des résidus : il est du devoir de chacun d'assumer ses responsabilités et au-delà (Dr Thouraya Annabi Attia, AMSSA).

de gauche à droite : Dr T.Annabi Attia , Pr M.Zrelli , Mme D.Dogui (INC),  Dr N.Brahem (DIP), Dr S.Amara (DGAB)

 

Toutes ces recommandations et leur esprit rejoignent en droite ligne celles du Plan EcoAntibio et nous félicitons et remercions les organisateurs de ces rencontres qui auront permis de sensibiliser encore davantage les professionnels de la santé sur ce sujet et espérons-le, de voir chez le plus grand nombre les actes se concrétiser au-delà des déclarations ...

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